Revue de presse SQUAT
L'avenir des «Rhino» aux Philosophes est très incertain
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16.9.1997
D. Pattaroni
D'ici à la mi-août, l'association «Rhino» devrait connaître la décision des autorités sur le projet de rénovation des propriétaires des immeubles squattés..

Les propriétaires des immeubles squattés par l'association «Rhino» ont récemment déposé auprès du Département des travaux publics et de l'énergie (DTPE) un plan financier pour la rénovation et le rachat de l'hypothèque des immeubles. Si ce plan est accepté, les squatters devront quitter les lieux. Les membres de «Rhino» pensent déjà faire recours par le biais de l'Association des locataires (ASLOCA) contre une éventuelle décision positive des autorités, qui pourrait tomber d'ici à la mi-août, ou même avant.

Parallèlement aux propriétaires, les squatters ont élaboré un plan financier - en vue d'une réhabilitation des immeubles qu'ils occupent - qu'ils espèrent de nature à intéresser les banques et l'Etat. Malgré leur crainte de voir le projet des propriétaires accepté, ils ne perdent pas l'espoir de voir se réaliser leur projet de bail associatif.

PROJET COUTEUX 

Les banques sont prêtes à effacer 24 millions de francs de dettes sur les 30 millions contractés par les propriétaires pour l'achat des immeubles de «Rhino». Afin de réaliser cette transaction et leurs nouveaux projets, les propriétaires ont créé, au début de l'année, une société anonyme: «Boulevard Genève SA». Leur but est de procéder à une rénovation légère des édifices, d'installer des bureaux au rez- de-chaussée, des loyers libres dans les combles et des logements subventionnés de type HCM (Habitat pour classes moyennes) dans les espaces restants. Ils espèrent obtenir des subventions de l'Etat pour mettre en oeuvre leur plan et, dans dix ans, passer du système HCM aux loyers libres pour l'ensemble des immeubles.

Forts de ces renseignements, les «Rhino» ont contre-attaqué, mandatant Nils de Dardel de 1'ASLOCA. En effet, «Rhino» voit plusieurs points faibles dans le projet des propriétaires: ont-ils le droit, par exemple, de transformer des logements en bureaux? Par ailleurs, la somme de 400 francs le m2 pour les bureaux mentionnée dans le projet semble disproportionnée. Nils de Dardel l'estime à seulement 200, 250 francs le m2. Mais les squatters n'ont pour l'heure pas obtenu de réponse à cette question.

Concernant les loyers des appartements, d'après l'architecte Jean- Luc Richardet, responsable officiel du projet des propriétaires, contacté hier, dans le plan financier, le prix de la pièce est fixé à 4090 francs par année. Mais une subvention de 790 francs de l'Etat (les appartements vont de 5 pièces et demie à 7 pièces et demie) réduirait le loyer à 3300 francs la pièce/l'an.

«RHINO» RIPOSTE

Le dossier des propriétaires est actuellement à l'examen au DTPE. Une réponse est attendue pour le 15 août ou même avant. Les squatters craignent que les autorités, à la veille des élections, n'accélèrent la procédure et donnent raison aux propriétaires. Au cas où le plan financier de la partie adverse serait refusé, «Rhino» a élaboré son propre projet de rénovation qui entre dans le cadre de sa vieille idée de bail associatif. Différents corps de métier sont actuellement à l'œuvre pour estimer à combien s'élèveraient les montants des travaux de restauration. Selon Jean-Marc O. architecte de profession et vice-président du comité de l'association «Rhino», la somme serait moins élevée que le rachat de la dette hypothécaire restante - de six millions - par les propriétaires. De plus, «Rhino» pense se lier à la Coopérative de l'habitat associatif (CODHA) afin que cette dernière récolte des fonds pour racheter les immeubles. Ainsi, une fois le rachat opéré, «Rhino» louerait, pour le montant de 250 francs par occupant et par pièce, les appartements, les pièces communes étant comprises dans le calcul. L'association gérerait elle-même les immeubles.

Le conseiller d'Etat Claude Haegi s'est proposé pour établir le contact entre «Rhino» et les banques, si un accord était finalement trouvé entre les propriétaires et les squatters. «Rhino» tient prêt son plan financier. L'association pourra toujours recourir contre une éventuelle acceptation par le DTPE du plan des propriétaires. A ce stade des négociations, le comité de l'association «Rhino» ne perd pas espoir. Au pire, l'association continuera ses activités dans un autre cadre.
« Le Courrier »
16.9.1997
D. Pattaroni

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